-1-
Toi, tes beaux yeux plantés dans la flamme.
Sur les pierres du soir
Ta main m'a écrite et effacée.
Tes regards m'ont projetée dans des choses invisibles,
Mais délicieuses.
On m'a parlé de toi,
On parle d'eux-mêmes.
On a dit que tu étais un blé stérile.
On a dit que tu étais un glaçon
Lâché dans un abri de montagne.
Une fleur que les abeilles fuient,
On a dit.
-2-
Ton lieu,
Aussi loin que je marche, je ne l'atteindrai pas.
Mes pieds ont porté à mi-chemin
Et la maison Qui est suspendue
Sur l'épaule du nuage
Toujours suspendue là,
Ni le vent ni l'aigle dans le ciel ne l'approchent.
Tu es le bébé qui est né dans mes mains,
Tu es le tremblement qui coule dans toutes mes veines
Mes lèvres aspirent au rouge à lèvres frais.
Mes jours et le temps filent,
Mes poèmes et mon esprit sont perdus,
Je me suis agenouillé et j'ai prié pour toi,
Et j'ai allumé une bougie oubliée dans des recoins odieux.
Pourquoi y a-t-il de l'horreur partout où je vais ?
Où que je marche, je la vois comme un géant,
Comme un chef oppresseur,
Comme le bourreau devant lequel chaque cou s'agenouille.
Les gens sont devenus fous,
Les gens sont devenus athées,
Dieu est devenu un mauvais rêve pour eux.
Mon Dieu, mon Dieu, où es-tu ?
Où sont les éclairs
Qui fendent les ténèbres
Et construisent la pierre angulaire d'un nouveau jour,
Qui frappent et secouent les têtes pleines d'une profonde rancune,
Ne méritent pas de vivre ?
-3-
Votre pardon,
Vos yeux en amande pardonnent.
Il aurait mieux valu que je me taise.
Il aurait mieux valu
que je morde la blessure et me taise.
Mais ma blessure est comme les gens
Si je ne parle pas, elle mourra,
Si je ne me plains pas, elle mourra.
Incroyable…
Celui qui ne veut pas mourir
Maintenant, il le demande à Dieu.
L'au-delà est là
Et le début a été difficile,
Les amis sont partis
Et ont abandonné le cœur qui les animait.
Les moyens justifient le but ces jours-ci
Et les moyens détruisent les gens sans but.
Quelle chance a ton cœur pur !
Comme la mer vierge,
Celui que ni bateaux ni esquifs n'ont traversé,
Celui où les pêcheurs n'ont jamais jeté leurs filets,
Celui qui a gardé les poissons
Comme tu as gardé ta pureté
À une époque pleine de haine et d'horreur.
-4-
Toi, belle…
J'aimerais changer ce monde
Et je ne peux pas.
J'aimerais planter et cueillir des gens
Et je ne peux pas.
Je suis un humain
Ma faiblesse est plus grande que moi.
-5-
Ça me satisfait
D'être un oiseau nichant sur ton toit,
Alors je t'aimerais de tout mon amour
Échappant aux marches de la profonde rancune.
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