Un monde aveugle, un livre du poète Charbel Baini, a été traduit de l'arabe en français après avoir été traduit en anglais

FILLE DE MA PAYS NATALE

– 1 –  

J’aimerais m’amuser avec tes yeux,  

Plus purs que le vin,  

Plus fins qu’un diamant enfoui dans son puits.  

Et, avec un pinceau magique,  

Je voudrais dessiner mes soupirs  

Et les accrocher sur des chemins  

Que tes pieds ne pourraient jamais effacer.

– 2 –  

J’aimerais brûler pour toi mon encens,  

Et accrocher à ton épingle à cheveux  

Ma fleur de vie,  

Cueillie dans un verger de bonheur  

Qui pendait autour de toi.

-3 –  

Toi, plus charmante qu’une oasis,  

Plus vivifiante que les gouttes d’eau,  

Plus douce que l’ombre d’un palmier  

Dans un désert jaloux de la lumière  

De l’éclat de tes yeux.

– 4 –  

Quand l’oiseau de la forêt m’entendit  

Chanter une chanson folklorique à ton nom,  

Ils se disputèrent avec moi,  

Car ils ne pouvaient la retenir par cœur  

Ni la verser dans tes oreilles.

– 5 –  

Toi, le réconfort de mon corps et de mes pensées…  

Dans le chagrin, tu endurcis ma vie,

Et tu me laissais tomber sur tes chemins  

Comme les orphelins

Qui sentent l'odeur de leur mère

Dans un pli de ta robe.

Et tu t’es réjouie,  

Tu t’es enchantée  

Quand ils couraient vers toi, le cœur en fête.

– 6 –  

Cache-moi dans ton sein, cache-moi.  

J’ai vieilli,  

Et je ne connais toujours pas  

Le secret du tourment dans ta poitrine,  

Ni le regard qui cache des choses,  

Ni les tremblements de tes mains.

– 7 –  

Laisse-moi me cacher dans tes cheveux,  

Échapper à mes soupçons,  

M’appuyer sur ton épaule,  

Comme ces étoiles caressées  

Reposant sur mes épaules de montagnes.

– 8 –  

Dessine-moi comme ton prince charmant,  

Fortifie-moi de ton bouclier  

Pour riposter aux coups

Et éloigner de mon peuple le cauchemar de l’oppression,  

Et illuminer les nuits de mon épée.

– 9 –  

Quel est le but de ma vie,  

Si tu restes au-delà de mon bras tendu,  

Plus dure que mes rêves,  

Vieillis entre les pages de mon imagination ?

– 10 –  

Laisse-moi m’accrocher à toi,  

À mes tresses flottantes,  

Comme un enfant désireux de se balancer  

Mais craignant les rafales  

Et les nuages menaçants  

Chaque fois qu’il monte trop haut.

– 11 –  

Ô toi, plus grande qu’un mot prononcé  

Quand nous errions,  

Comptant les enfants,  

Courant avec eux  

Pour les cacher aux yeux du chien traître.

– 12 –  

Ô toi, larmes de tendresse,  

Battement de cœur d’un père

 Attendant le retour de son fils…  

Je t’ai aimée sans histoire,  

Toi, l’histoire de ma patrie,  

L’écriture de la douleur  

Qui m’a appris à me haïr.

– 13 –  

Je t’ai aimée, fille de ma patrie,  

Avec toutes tes souffrances,  

Avec toutes les blessures  

Qu’ils ont gravées sur tes poignets,  

Sur ta poitrine…  

Plus pures que tous les livres sacrés qu’ils ont lus.  

Je t’ai aimée,  

Jusqu’à ce que tu deviennes  

La cérémonie de mariage  

Que je ne laisserai jamais échapper de mon esprit.

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